Bac (passage d'eau) sur la Gartempe à Antigny

France > Nouvelle-Aquitaine > Vienne > Antigny

Le bac d'Antigny est signalé sur la carte de Cassini.

Le bac figure dans la liste des bacs du département de la Vienne du 17 thermidor an XII (5 août 1805).

En 1811, le maire écrit au sous-préfet pour savoir qui doit construire un nouveau bateau en remplacement de celui assurait le passage jusqu'à la révolution par l'abbaye de Saint-Savin : le gouvernement, la commune ou M. Volard, qui a acheté le moulin sans précision du droit de passage de la rivière ou d'entretien du bateau. Devant la dangerosité du bateau, le sous-préfet prend le 4 janvier 1812 un arrêté ordonnant le retrait immédiat du bateau de la rivière et la mise en fermage par la commune du passage d'eau, à charge pour l'adjudicataire de construire un nouveau bateau (voir annexe). Néanmoins, en 1816, l'ingénieur Gravet dit que le bac est la propriété du propriétaire du moulin.

Le bac n'est pas figuré sur le plan cadastral de 1826, même si le chemin d'accès est visible sur la rive gauche (côté bourg) et une pièce de terre indiquée " le port " sur la rive droite, en amont du moulin de l’Épine.

En 1831-1832, le conseil municipal demande au préfet l'autorisation d'avoir un bac à ferme et des bateaux pour assurer le passage. La commune est désignée fermière du bac pour 3 ans et 6 mois à compter du 1er juin 1831, contre une redevance annuelle de 15 francs ; le bac est signalé comme nouvellement établi.

En 1840, le matériel comprend :

- un grand bateau de 9 m de long, 3,35 m de largeur au milieu, 2,75 m de largeur aux chevets et 0,75 m de bord pouvant transporter 4 chevaux ou 3 bœufs ou 60 personnes ;

- un batard de 7,10 m de long, 2,35 m de largeur au milieu, 2 m de largeur aux chevets et 0,45 m de bord pouvant transporter 3 chevaux ou 2 bœufs ou 40 personnes ;

- un bateau de 6,35 m de long, 1,60 m de largeur au milieu, 1,20 m de largeur aux chevets et 0,50 m de bord pouvant transporter 15 personnes.

Le 7 août 1850, l'ingénieur Grissot de Passy signale que le fermier est la commune et le sous-fermier Florent Baudu. Le passage dispose d'1 charrière, 1 batelet et accessoires, appartenant à la commune ; le batelet est en mauvais état et doit être réparé sous 15 jours ; le prix de la ferme est sacrifié pour un prix désastreux pour l'administration, à seulement 20 francs, alors que la commune sous-afferme le bac à 200 francs, la question devra être revue par l'administration.

En 1856, le procès-verbal de visite recommande l'aménagement de l'accès et un système de poulies pour sécuriser le passage en raison de la présence voisine et dangereuse du barrage du moulin (voir annexe).

En 1858, Félix Genest, fermier du bac, est mis en demeure par le préfet de remplacer deux courbes au grand bac, reconstruire le ponton de la rive droite, réparer celui de la rive gauche et procéder au palâtrage, calfeutrage et étanchéité des deux bateaux.

Le fermage est renouvelé pour 9 ans à compter du 1er janvier 1859, comme pour les 28 autres passages d'eau du département de la Vienne. La commune obtient ce fermage contre la somme de 25 francs annuels. Le sous-fermier est François Volard, qui ne sait pas signer. L'inventaire fait état d'une valeur totale du matériel appartenant au fermier de 1000 francs environ. Ce matériel comprend :

- un grand bateau passe-voiture de 9m45 de long, 3m48 de largeur au milieu, 2m85 de largeur aux chevets, y compris ferrures et chaînes d'amarrage, pouvant transporter 45 personnes y compris les mariniers ou 4 chevaux, mulets, bœufs, vaches (valeur estimée 800 francs) ; deux mariniers assurent sa manœuvre par une traille appartenant à l’État ;

- un batelet de 6m65 de longueur, 2m15 de largeur au milieu et 1m50 de largeur aux chevets pouvant transporter 10 personnes y compris les deux mariniers (valeur 150 francs) ;

- deux pontons sans roue de 2m80 de large sur 1m30 de long ;

- 4 perches ferrées, 2 cadenas et 1 poteau d'amarrage.

Le sous-fermier dispose d'une petite loge sur la rive gauche.

En 1860, les chemins d'accès sur les deux rives sont aménagés suivant les plans de l'ingénieur des ponts et chaussées Delafons. Les lettres de réclamation et rapports montrent qu'en 1863, les travaux ne sont toujours pas engagés.

Le grand bac est remplacé à la fin de l'année 1860. L'arrêté préfectoral du 12 février 1861 exige l'affichage des tarifs, la pose de bornes-limites. La commune, fermière du bac, devra affecter un marinier de plus au service du bac et les deux mariniers devront être munis des certificats nécessaires.

En septembre 1861, les travaux sur les rampes d'abordage, réalisés aux frais de l’État, sont presque achevés.

En juillet 1862, le conducteur de travaux signale que " la cale d'abordage de la rive droite est en mauvais état ; une brèche de 2m80 de longueur et de 1m de largeur s'est faite à 6m de la [?] de cette cale ". Le maire précise que " non seulement les rampes d'abordage n'ont pas assez de pente, mais encore il ajoute que ces rampes étant tangentes aux berges, en temps d'eaux basses, il est impossible d'aborder, il demande en conséquence que le gouvernement lui vienne en aide pour faire reconstruire au plus vite ces rampes d'abord avec une plus grande pente puis normalement au cours de la rivière ". L'ingénieur Delafons note que ces travaux pourront être étudiés, mais que " la traille a été posée trop près des rampes par la commune ".

L'état du batelet s'est considérablement dégradé au cours de l'année 1863 : au mois de mai, il est noté que " le batelet, dont la construction remonte à douze ans environ, est à peu près usé ; néanmoins, il ne présente encore aucun danger pour la circulation ", mais six mois plus tard, il présente de nombreuses brèches.

L'arrêté préfectoral du 30 novembre 1863, consécutif à la visite du 28 octobre, prescrit d'indiquer les niveaux d'eau d'interdiction et de surtaxe, de fournir les certificats de capacité des mariniers, de poser des planches pour servir de siège dans le batelet et de réparer les brèches dans le pavage des rampes d'abordage avant le 1er février 1864 ; la commune, fermière du bac, devra également remplacer le batelet et goudronner les bateaux avant le 1er avril 1864.

Lors de la visite du 26 avril 1864, il est noté que si le bac et les pontons sont en assez bon état, les brèches signalées dans le batelet construit vers 1851 n'ont pas été réparées. Le 8 juin 1864, un arrêté préfectoral interdit l'usage du batelet qui est déclaré hors service. La visite d'avril 1864 signalait également l'absence d'affichage des tarifs sur la rive droite, la cale de la rive droite a été refaite, celle de la rive gauche doit l'être prochainement. L'ingénieur note qu'il lui manque les documents concernant l'autorisation de reconstruire la rampe d'abordage.

Le procès-verbal de la visite du 21 octobre 1864 note que le grand bac est en bon état mais n'a pas été goudronné, le batelet a été refait à neuf mais n'a pas été suffisamment goudronné, les pontons sont en bon état sauf à madrier à remplacer à celui de la rive gauche. Les tarifs ne sont pas affichés. En conséquence, par arrêté préfectoral du 13 décembre 1864, la commune, fermière du bac, est mise en demeure d'afficher les tarifs sur les rives avant le 30 décembre et de poser des sièges sur le batelet et de goudronner le bateau avant le 15 avril 1865.

Par arrêté préfectoral du 10 juillet 1865 (suite à la visite du 12 mai), la commune, fermière du bac, est mise en demeure de réparer le ponton de la rive gauche avant le 1er août et de goudronner la traille et ses charpentes avant le 1er septembre.

Le 30 octobre 1865, le conducteur de travaux note en présence du sous-fermier, François Volard, qui ne sait pas signer, mais en absence du maire, que le goudronnage des bateaux réalisé en juillet a été mal exécuté et doit être refait. Le ponton de gauche a été refait.

Par arrêté préfectoral du 15 janvier 1867, la commune, fermière du bac, est mise en demeure de goudronner le matériel et d'équiper de sièges le grand bac et le batelet avant le 1er juin 1867, travaux déjà prescrits par arrêtés du 29 novembre 1865 (visite du 30 octobre 1865) et du 14 juin 1866 (visite du 27 avril 1866) et signalés à nouveau comme non réalisés dans une visite d'octobre 1866.

En avril 1867, le conducteur des travaux note que les travaux prescrits le 15 janvier 1867 (goudronnage général du matériel) n'ont pas été réalisés et met en demeure la commune de les réaliser avant le 17 juin ; le maire promet de les réaliser " aux premiers jours de beau temps ". Le grand bac, le batelet, la traille et son bâti sont en bon état. En décembre, le goudronnage du matériel est à nouveau prescrit par arrêté préfectoral (16 décembre) suite au rapport de l'ingénieur Lecompte (21 mai) : " les prescriptions de l'arrêté du 15 janvier [...] n'ont pas encore reçu de commencement d'exécution ". Le sous-fermier Vollard fait savoir qu'il se retirera le 31 décembre 1867.

En 1868, la commune, fermière du bac, doit payer à l’État 64,58 francs pour racheter la traille (câble d'environ env. 86 m de longueur et d'un poids de 60 kg) qui sert à tracter le bac. D'après le conducteur de travaux, Sylvain Griffon, le nouveau sous-fermier (qui ne sait pas écrire) assure mal le service car il habite trop loin (à près d'un kilomètre, dans le bourg, sur la rive opposée au port) du passage d'eau.

Le conducteur de travaux souligne en novembre 1867 et en juin 1868 qu’il est dommage que la commune n'entretienne pas mieux un matériel qui est presque neuf. L'arrêté préfectoral du 24 juillet 1868 demande à la commune de goudronner tout le matériel avant le " 31 septembre " [sic].

Les arrêtés préfectoraux du 23 décembre 1869 et du 2 juillet 1870 exigent que la commune, fermière du bac, répare et rende étanches les deux extrémités du grand bac sur 3 m de long, goudronne le bac, le passe-cheval, la traille et ses supports respectivement au plus vite et avant le 15 juillet 1870. Les arrêtés préfectoraux du 28 décembre 1868, du 18 juin et du 23 décembre de 1869 demandent aussi à la commune de fournir un local à proximité du bac pour le logement du passeur.

Les arrêtés préfectoraux du 24 février et du 13 juin 1871 ordonne à nouveau le goudronnage du matériel respectivement avant le 1er mars et avant le 15 juin, arrêtés restés sans effet puisque quelques mois plus tard, l'arrêté préfectoral du 22 septembre 1871 exige de " remplacer 3m courants de gauche au grand bac, consolider l'un des pieds de la chèvre à laquelle est attachée la traille sur la rive gauche et goudronner tout le matériel " avant le 1er janvier 1872. En janvier 1873, une partie des travaux n'est toujours pas réalisé, et comme la sécurité du passage est affectée, le préfet rédige une nouvelle mise en demeure avec menace de travaux d'office pour la réparation du plancher du bateau et de la traille. Le sous-fermier a été remplacé provisoirement en 1872 par un individu qui ne possédait pas les certificats obligatoires.

En juin 1873, la commune est mise en demeure de goudronner tout le matériel (non exécuté le 30 septembre). Un arrêté préfectoral du 31 décembre 1873 interdit l'usage du batelet, le délai de réparation ayant expiré en septembre, et ordonne son remplacement par un bateau neuf sous 2 mois.

L'arrêté du 7 juin 1875 exige la construction d'un nouveau bac, sous 4 mois, travail déjà réclamé par arrêté du 9 décembre 1874 : la visite du 26 novembre 1874 indique que le bac est en fort mauvais état et ne peut plus servir que quelques mois.

Au fil des ans, le préfet demande de nouveaux travaux : réparer les courbes et les couvre-joint du grand bac (10 juin 1876), goudronner le passe-cheval (10 juin 1876), afficher les tarifs sur les deux rives (10 juin 1876). Les abords du bac auraient besoin d'être repavés sur la surface de 10 m sur 6 m (visite du 24 mai 1876).

Par arrêté, le préfet exige le 4 décembre 1876 (suite à la visite du 21 octobre) la réparation du plancher du passe-cheval qui a remplacé le batelet. En 1876, le sous-fermier est toujours Sylvain Griffon.

Le service du bac est supprimé le 1er janvier 1886, suite à la mise en service du pont en août 1885.

Périodes

Principale : Moyen Age

Principale : Temps modernes

Auteurs Auteur : Delafont

Ingénieur ordinaire des ponts et chaussées. département de la Vienne, arrondissement du Sud. Intervient en 1857 à Jouhet, en 1858 à Montmorillon, en 1860 à Antigny, et sur contresigne les rapports de visite des bacs de la Gartempe, arrondissement de Montmorillon, à la fin des années 1850 et au début des années 1860.

, ingénieur des Ponts et Chaussées (attribution par source)

Le passage d'Antigny était assuré à proximité du moulin, ce qui pouvait représenter un certain danger en raison du remous créé (voir historique et annexe). Les rampes d'accès et les pontons d'abordage font l'objet de nombreux rappels à l'ordre des ingénieurs. Sur le plan de 1860, l'étiage de la Gartempe est indiqué à 3m82. La pente d'accès au bac est de 0,0717 sur chaque rive.

L'entretien des bateaux (deux en général) est également contrôlé régulièrement (une à deux fois par an) par le conducteur de travaux de ponts-et-chaussées, une traille est installée dans les années 1860 (voir historique). Le conducteur de travaux et l'ingénieur soulignent régulièrement à la fin des années 1860 que le passeur habite trop loin (1 km) pour assurer correctement le service et que la commune doit le loger à proximité, ce qui sous-entend que contrairement aux autres communes, il n'y a pas, à Antigny, de maison du passeur. D'après ces documents, l'accès principal, où se trouvaient les bateaux, était sur la rive droite, en aval du château et en amont du moulin, en contrebas du hameau des Fruchons, et non sur la rive gauche où se trouvent le bourg avec l'église (et où habite le passeur dans les années 1868-1870).

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Vienne , Antigny

Milieu d'implantation: en village

Cadastre: 2016 (Non cadastré, section AB (rive gauche) et D (rive droite).)

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